L’Auvergne est une région montagneuse au cœur du territoire français qui a depuis toujours été marquée par l’action humaine, ainsi il est rare aujourd’hui de déceler une montagne vierge de vestiges historiques. Dans ce cadre, le territoire de la commune de Murol est un endroit privilégié pour la compréhension de l’évolution de l’occupation du territoire dans le Puy-de-Dôme.
C’est durant la période médiévale, aux alentours des X-XIèmes siècles que des villages s’installent sur les pentes des montagnes et les pics rocheux. Ce changement de mode d’occupation du territoire est dît de l’incastellamento (l’enchâtellement) et apparaît dans une grande partie du Sud de l’Europe à la même période.
Sur la commune de Murol, cinq sites de ce type ont été mis en évidence :
- trois villages sur les pentes du puy de Bessolles
- un village sur les pentes du plateau de Rajat.
- Un cinquième village qui correspondait à l’ancien village de Murol au pied du Château, dont il ne reste presque rien aujourd'hui.
Ces villages qui se présentent sous la forme d’une succession de terrasses sur lesquelles viennent s’appuyer des constructions. Dans un bon état de conservation, ces structures ont été protégées par l’abandon progressif des terrasses depuis la période médiévale.
Depuis 2010, le site de Boissières situé sur les pentes du plateau de Rajat et qui représente le plus grand et le mieux conservé des établissements de ce type dans la vallée, fait l’objet d’une étude plus poussée sous la direction d'Antoine Cocoual.
Le site est composé de deux parties majeures, une série de grottes troglodytes surplombant un village construit sur terrasses successives .
Les grottes
Détruite par un tremblement de terre aux alentours des XIV-XVèmes siècles, de ces cavités ne nous sont parvenues que quelques salles , partiellement conservées. Le mobilier qui a été trouvé a permis de déterminer que ces grottes étaient occupées au moins depuis le XIème siècle. Les investigations archéologiques ont également démontré que ces espaces formaient à l’origine un ensemble complet qui peut être interprété comme un habitat seigneurial.
L'attrait seigneurial est démontré par la présence d'un pigeonnier (posséder un pigeonnier était un droit exclusif des seigneurs et du clergé au Moyen-âge) taillé directement dans la paroi de tuf.
Les châteaux troglodytes ne sont pas rares dans la région, à l'exemple du site de Jonas ou encore de Châteauneuf.
Le village
Le village abandonné de Boissières situé en contrebas des grottes à l'Ouest est constitué d'une série de plateformes sur lesquelles sont construites diverses structures dont notamment des habitations.
Tout comme les grottes l'occupation de l'ensemble est datable grâce au mobilier entre les X-XIèmes et les XIV-XVèmes siècles. L'abandon du site est probablement dû au même séisme que celui qui a détruit les grottes, en témoignent les énormes blocs qui ont dévalé la pente avant de venir détruire plusieurs habitations.
Le choix de cet emplacement pour la construction du village pause question. En effet, le terrain est composé de trains d'éboulis (blocs de pierres de grandes dimensions issus de l'avalanche de débris à l'origine du plateau de Rajat) ce qui a dû demander un effort considérable pour construire les terrasses, qui sont directement creusées dans le substrat.
Tout le secteur est également très instable, plusieurs habitations ont été détruites par des glissements de terrains puis reconstruites au cours de l'occupation du site.